Exposition
Alberto Breccia
Les mondes fantastiques
Du 5 au 28 avril 2019
Pulp Festival
La Ferme du Buisson
Breccia et la littérature
Grand lecteur depuis son enfance, Breccia a su librement choisir des œuvres qui l’inquiétaient, le poussant à les recréer en images. Le choix des textes littéraires est déjà un acte créateur par lequel Breccia fixe son univers. Il s’agit pour la plupart de textes appartenant à la littérature européenne et sud-américaine : des romans et, le plus souvent, des nouvelles et des contes, qui relèvent du fantastique.
Breccia envisage la bande dessinée au prisme de la littérature et des arts plastiques : il tourne en récit dessiné des histoires littéraires, pratique qui déclenche ses expérimentations visuelles et ouvre pour la bande dessinée de nouveaux horizons plastiques. Cela peut sembler paradoxal, mais c’est précisément lorsque Breccia fait appel au littéraire, en proposant une nouvelle version d’histoires, d’abord conçues pour la littérature, qu’il s’éloigne le plus de la narration et du discursif pour explorer les ressources plastiques de son art.
Sa démarche est centrée sur la mise en images et en séquences des histoires préalablement existantes sur le support livre, formulées dans une langue, faisant appel au linguistique, au discours. Or cet engagement envers la “grande” littérature ainsi « détournée » révèle le parti pris de Breccia en faveur d’une bande dessinée proprement plastique et non discursive, ou bavarde, faisant appel au texte. La bande dessinée devient alors un espace de liberté où les contraintes du dispositif ne doivent plus être comprises comme des limites, mais bien plutôt comme des potentialités.
Dans un display inspiré des univers paradoxaux de l’écrivain Jorge Luis Borges, comme celui de la nouvelle de 1941, La Bibliothèque de Babel, cette exposition jette un pont entre ces différentes adaptations. Plusieurs alvéoles héxagonales présentant chacune l’un des «mondes» de Breccia, mettent en lumière l’art d’une des plus grandes figures de la bande dessinée du XXe siècle, référence pour de nombreux artistes mais dont la reconnaissance publique n’est pas encore à la hauteur de sa réputation.